Moleskine pour iPhone et iPad

Moleskine. Rien que de prononcer ce mot et voilà que je me sens poète ou aventurier. Les petits carnets à élastique sont à la fois chics, intemporels, utiles,… Pour ceux d’entre vous (dont je fais partie) qui aiment à la fois les produits Moleskine Apple, réjouissez-vous : la marque vient d’introduire deux nouveaux modèles destinés aux utilisateurs d’iPhone ou d’iPad : des housses de protection avec cahier intégré. L’idée est de pouvoir conjuguer simultanément papier et électronique. Les deux housses contiennent donc un moleskine avec des pages de cahier vierge, avec à l’interieur une doublure en daim pour protéger des chocs vos précieux iWhatever. Bien entendu, des petits trous ont été pensés pour que vous puissiez brancher votre casque ou des hauts-parleurs. Les deux objets ne sont pas encore disponibles à la vente, mais peuvent déjà être pré-commandés ici.

Pour en revenir à la marque Moleskine et à son marketing, voici un article très instructif rédigé par Marie, qui tient l’excellent blog hautlesmainspeaudelapin.wordpress.com :

Moleskine ou comment créer le mythe

J’adore les carnets Moleskine. Mon premier c’était un carnet ligné. Je l’aimais. Je l’aimais tellement que pendant longtemps je n’ai pas osé écrire dedans. Il faut dire qu’il y avait une petite note à l’intérieur du carnet expliquant que Picasso, Matisse, Hemingway étaient de fervents utilisateurs des carnets Moleskine. La barre était haute. Un jour j’ai pris mon courage à deux mains : j’ai écrit dans mon carnet Moleskine. Depuis, j’adore Moleskine, j’ai les agendas, les carnets colorés… et l’intime conviction d’être la descendante d’Hemingway et les autres. Pour une quinzaine d’euros seulement !

Néanmoins, que viens-je d’apprendre ? On nous aurait menti. Voyons voir : Matisse est mort en 54, Hemingway en 61, Picasso en 73. RIP. Problème : les carnets Moleskine ont été créés et déposés par la marque italienne Modo et Modo en 1998. Modo et Modo explique que c’est pour Bruce Chatwin qu’ils ont créé le carnet noir à élastique. Le pauvre homme était resté dépourvu quand son fournisseur de carnets, un papetier de Paris, lui apprit que le dernier fabricant de Moleskine mettait la clé sous la porte suite au décès de son propriétaire. Chatwin ne s’en ai jamais remis. Ainsi, pour le bien du monde des arts, Modo et Modo a créé un Moleskine qui s’inspirerait des descriptions de Chatwin.

Après, pour les autres, les Hemingway, les Céline et les autres, Modo et Modo affirment que les auteurs font référence aux Moleskine dans leurs œuvres. En réalité moleskine est un nom commun : c’est une toile de coton fin recouverte d’un enduit et d’un vernis imitant le grain de cuir. On parle de carnet en moleskine. Il y a donc peut-être eu quelques confusions…

De la même manière qu’il était de bon ton pendant l’antiquité d’avoir des descendances divines, il est de bon ton aujourd’hui d’avoir derrière soi une lignée d’artistes plus ou moins maudits. Le vernis arty !

Ceci dit, cette mythologie finalement un peu facile a été franchement efficace. Il faut l’avouer, les carnets Moleskine sont beaux, rétro juste comme il faut à l’époque du tout numérique, des netbooks et des ipads. Et aujourd’hui tous les artistes que je connais – on est d’accord, je n’en connais pas non plus des centaines – utilisent des Moleskine. Alors, oui, je continue à me sentir vaguement artiste avec mes Moleskine, même si c’est sur un malentendu.

(via www.hautlesmainspeaudelapin.wordpress.com)